Pour ce onzième bulletin thématique, rebaptisé FOCUS GENRE, nous avons choisi d’aborder les féminismes islamiques. Cette réflexion est une prémisse à une réflexion-action plus générale que nous entendons mener sur les liens entre le genre, les féminismes (Sud et Nord) et les religions. Ce texte sort dans un contexte géopolitique et sociétal à la fois exaltant et troublé ! Exaltant par la mobilisation des peuples du printemps arabe vers la liberté, les nombreux groupes d’indigné-e-s dans le monde qui refusent une loi du profit méprisant l’humain ! Troublé par des enfermements qui peuvent faire place à d’autres enfermements, des exclusions à d’autres, des sectarismes et des intolérances à d’autres ! Monde de contradictions qui, au moment où les sciences humaines nous outillent de manière critique pour identifier les stéréotypes, réactive paradoxalement une gamme de préjugés de tous ordres, sexistes, racistes et religieux.

Dans le monde entier, des réactionnaires religieux veulent faire marche arrière sur les droits des femmes. Au Québec, des femmes féministes et chrétiennes et des religieuses ont créé « l’Autre Parole », dès 1976, pour « effectuer une brèche dans la forteresse patriarcale qu’est l’Église catholique romaine ». Depuis les années 1920, des théologiennes et croyantes musulmanes se revendiquent féministes et contribuent à lever l’amalgame entre Islam et islamisme dans le but de faire avancer les droits des femmes.

Défendre un féminisme laïc doit-il empêcher de voir les tensions paradoxales mais fécondes entre féminisme(s) et religion(s). Le féminisme (lequel ?) peut-il éviter le piège dogmatique de tous les « ismes » et la religion peut-elle laisser place à l’analyse critique, aux débats et aux remises en question sur les inégalités de genre. Nous espérons que ce bulletin, à travers son analyse des féminismes musulmans, apportera quelques éléments de réponse et fournira des clefs tant politiques qu’opérationnelles à celles et ceux qui pensent qu’admettre plusieurs expressions du féminisme n’est pas forcément verser dans le relativisme culturel.

Nous remercions chaleureusement Lucia Direnberger, auteure de ce texte, et le comité de réflexion qui l’a accompagnée (Marie-Lise Semblat, Béatrice Borghino, Latifa El Boushini, Marie Devers, Elisabeth Hofmann, Claudy Vouhé) dans la préparation de ce bulletin.

-> Consultez le bulletin (PDF)