Contrer des injustices : le logement

Contrer des injustices : le logement

2012

Dans ce domaine, les groupes ont organisé et animé des ateliers de réflexion, d’échanges et d’information, comme c’est d’ailleurs le cas pour bien d’autres thèmes. De diverses manières, l’occasion a souvent été saisie d’inclure l’expression orale ainsi que la lecture et l’écriture. Parfois, des conférenciers ont été invités et des débats, organisés. Dans ce cadre, des articles de journaux ont été lus et analysés, on a écrit des lettres individuelles et collectives adressées à de réels ou à de fictifs propriétaires. Les groupes d’alphabétisation populaire ont organisé ce type d’atelier dès leurs débuts et ils continuent de le faire. Avec le temps, on a toutefois appris à faire plus de place à l’expression et, surtout, aux initiatives des personnes participantes. Les animations sont ainsi plus dynamiques, et les outils sont plus abondants et mieux adaptés.

De 1981 à aujourd’hui, dans ce domaine comme dans les autres, les groupes ont offert un soutien individuel aux personnes participantes. À l’égard des problèmes de logement, ils ont apporté de l’aide pour trouver un logement, déménager ou emménager, pour superviser dans de rares cas des logements subventionnés ou pour défendre les droits d’une personne participante (information, recherche, accompagnement et orientation).

La défense collective des droits en lien avec le logement n’a été qu’exceptionnellement amorcée par des groupes d’alphabétisation. En général, ils se sont plutôt associés à des actions et à des mobilisations d’autres organisations, tel le FRAPRU, des comités de logement, des tables et des comités de concertation, comme cela a été le cas pour d’autres causes. Ils ont rencontré des députés, rédigé et déposé des mémoires, appuyé des luttes pour le logement social, etc. Sur ce plan, un autre aspect s’est transformé dans les pratiques : on privilégie maintenant des actions directes, ciblées et surtout locales.
 

Voici des exemples récents et particuliers de réponses données par des groupes d’alphabétisation populaire au problème de logement :

Pendant de nombreuses années, la région de Joliette n’a compté aucune association de locataires ni aucune ressource pour défendre les droits de ces personnes en matière de logement. Pendant une dizaine d’années, c’est le groupe Action dignité Lanaudière qui a pris en charge cette tâche. Un grand nombre de personnes se sont adressées à cet organisme dans l’espoir de recevoir du soutien sur cette question. En 2006, le groupe, en concertation avec divers partenaires, a décidé d’entreprendre la mise en place d’une ressource régionale de défense des droits des locataires. Ensemble, ils ont atteint leur objectif : une ressource a été incorporée en 2007. Après plusieurs années de travail intense et de recherche de financement, les activités et la coordination des services ont finalement débuté en 2011.

LE LANGAGE SIMPLIFIÉ :

UN OUTIL ET UNE VISION AU SERVICE DE LA COMMUNICATION

Ayant pour souci de rendre accessible l’information, plusieurs groupes ont adopté les principes du langage simplifié puis ont adapté et développé cette méthode en fonction de leur vision et des besoins des participants côtoyés. Ils ont produit divers documents en suivant ces principes et ils ont élaboré et organisé des campagnes de sensibilisation pour inciter des milieux ciblés à communiquer dans un langage simple. Ils ont assumé la fonction d’experts pour soutenir des institutions et des organismes dans la production et la diffusion de documents informatifs accessibles aux personnes peu alphabétisées. Nous présentons ici deux organismes d’alphabétisation populaire qui ont écrit sur le thème du logement en utilisant le langage simplifié

Lettres en main a élaboré un document qui résume de manière particulièrement accessible l’essentiel des lois et des règlements des locataires et qui s’intitule Locataire, ouvre-moi1. La Jarnigoine a quant à elle produit Nos droits de locataires, dans sa collection Nos droits tout au long de la vie2. Dans cette publication, on renseigne sur les droits des locataires à partir de mises en situation concrètes et réalistes. La Jarnigoine a produit de plus un cahier d’animation pour accompagner ce document : Cahier d’animation : la charte des droits et libertés, nos droits de locataires, nos droits à l’aide sociale.

Pour ce thème uniquement, qui peut paraître éloigné de l’alphabétisation, des groupes ont mis à contribution et ont acquis des savoirs et des savoir-faire, ont trouvé des moyens, ont soutenu des personnes participantes, ont proposé un apprentissage notionnel et usuel, ont fabriqué des outils, ont participé à la défense des droits, etc.

 1 Marie-Claire SANSREGRET et Gilles LANDRY, Locataire, ouvre-moi, Lettres en main, 2011.

 2 Amélie BOUCHARD et Clode LAMARRE, Nos droits de locataires, La Jarnigoine, 2006.