Une première étude québécoise sur les inégalités de patrimoine hommes-femmes

26 jan 2024

Une première étude québécoise sur les inégalités de patrimoine hommes-femmes

La professeure Maude Pugliese, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), est la titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en expériences financières des familles et inégalités de patrimoine.

À l’occasion du lancement officiel de sa chaire, la professeure Pugliese dévoile les résultats d’une étude inédite : les inégalités marquées entre hommes et femmes en matière de patrimoine, autrement dit, en matière d’actifs nets.

Si l’on connaît bien les inégalités de revenus et de salaire, on en sait beaucoup moins sur la distribution patrimoniale au Québec, notamment parce qu’il existe peu de données appropriées à ce sujet « pourtant le patrimoine est une ressource encore plus importante pour le bien-être que le revenu, notamment car il peut agir à titre de coussin de sécurité en cas de difficultés et qu’il est crucial pour le bien-être à la retraite. », souligne la chercheuse au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, spécialiste des dynamiques et des finances familiales.

Au-delà du salaire : des inégalités significatives entre hommes et femmes

Jusqu’à maintenant, le patrimoine était mesuré au niveau du ménage plutôt qu’au niveau individuel au Canada. Cette catégorisation masquait complètement les inégalités entre les hommes et les femmes en couple, qui représentent actuellement 40 % de la population québécoise.

Pour pallier cette lacune, la professeure Pugliese a réalisé en 2022 une enquête sondant pour la première fois la valeur du patrimoine individuel auprès de 4 800 répondantes et répondants du Québec.

Les conclusions sont parlantes : le patrimoine net moyen des hommes est près de 30 % plus élevé que celui des femmes dans la population adulte générale de la province. L’écart s’approfondit encore davantage parmi les personnes en couple. Chez les personnes en union libre, par exemple, le patrimoine des hommes est 801 % plus élevé que celui des femmes, s’établissant à 271 955 $, comparativement à seulement 151 895 $ pour les femmes.

« Ces écarts de genre sont bien plus grands que les écarts de salaire actuellement observés entre les hommes et les femmes au Québec », relève Maude Pugliese. Aussi, même lorsque les différences de revenus entre hommes et femmes étaient prises en considération dans les calculs, l’équipe observait toujours un écart de genre marqué dans le patrimoine. Celui-ci reste donc en grande partie à expliquer. « On peut se demander, par exemple, si les femmes héritent dans la même mesure que les hommes ou si elles reçoivent les mêmes services et conseils financiers », expose la professeure. Cette étude démontre clairement la nécessité d’approfondir la collecte de données en matière de patrimoine individuel et familial pour mieux comprendre ces enjeux.

Les résultats détaillés de cette enquête ont été publiés en décembre 2023 sous le titre « The Gender Wealth Gap in Québec » dans la revue Canadian Studies in Population par Maude Pugliese et son équipe composée des membres doctorants Prisca Benoît, Mamadou Diallo et Diana Pena Ruiz.

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