AccueilNumérique éducatif, interactions et socialisations

AccueilNumérique éducatif, interactions et socialisations

*  *  *

Publié le mardi 18 janvier 2022

Résumé

L’association des termes « social » et « numérique » peut a priori nous interroger lorsqu’ils sont côte-à-côte, surtout dans notre société du « sans contact », mais comprendre les transformations des interactions sociales potentielles, probables, effectives, redoutées entre les personnes, à travers le numérique, c’est se positionner dans une forme anthropologique du rapport au monde qu’il s’agira de décrire, d’observer, et de comprendre. Cet appel à article pour la revue Interfaces numériques, a pour thème le numérique éducatif, les interactions et la socialisation.

Annonce

Argumentaire

L'association des termes « social » et « numérique » peut a priori nous interroger lorsqu’ilssont côte-à-côte, surtout dans notre société du « sans contact » (Girard, 2020). Mais comprendre les transformations des interactions sociales potentielles, probables, effectives,redoutées entre les personnes, à travers le numérique, c’est se positionner dans une formeanthropologique du rapport au monde qu’il s’agira de décrire, d’observer, et decomprendre. Le numérique est entendu ici dans son usage restreint, en tant que technologieéducative (logiciels, plateforme, dispositif, etc.), outil et instrument médiateurs etmédiatisateurs (Rabardel, 1995), utilisés dans le milieu particulier de l'éducation et encontextes ; il n'inclut pas le design de ses différentes strates interreliées – strate des sciencesdes techniques numériques, strate des objets matériels et logiciels numériques, celle desusages et non-usages (Pignier, 2020).

Le terme « social » est appréhendé sous deux aspects : les interactions sociales et lescollectifs. Les interactions sont un état d'esprit tourné vers l'autre avec des attitudes et descomportements permettant aux personnes d'être dans une activité réciproque etinterdépendante (Tisseron, 2020) ; la construction de collectifs ou de communautés (Auray,2017), renvoie à la théorie de l'activité collective, regroupant des acteurs poursuivant desobjectifs différents pré-établis avant même la constitution d'un groupe (collectif) ou après(communauté) (Wenger, 1998). Les outils technologiques et instruments médiateurspeuvent participer aux renforcements des interactions sociales (Mercier et al., 2018 ;Mercier et Lefer Sauvage, 2017) et des communautés, mais ces dernières restentdépendantes des contextes d'enseignement-apprentissage, avec la prise en compte desparticularités des élèves, des inégalités etc. (Mercier et al., 2018; Tricot, 2020).Plus généralement, c'est la forme anthropologique de l'interaction et de la communauté quiest questionnée ici : quelle place peut y prendre le numérique ? Comment le numériqueparticipe-t-il à leur genèse ? Est-on dans un « connectivisme » (Siemens, 2005), dans un« interactionnisme du tiers lieux » (Azam et al., 2015), dans une « société sans contact » (Girard, 2020) ou dans autre chose ?

Les travaux sur l’inclusion du numérique dans nos sociétés et leur acceptabilité sont décrits depuis une trentaine d’années (Assude, 2019 ; Davis, 1989 ; Dubois et Bobillier-Chaumon,2009 ; Tricot et al., 2013 ; Venkatech, 2000). Ils mettent en valeur un ensemble de conditionset processus, notamment intra-personnels, inter-personnels, socio-organisationnels,identitaires et professionnels, mais aussi techniques et ergonomiques, participant à leuracceptation. Mais la question demeure : en quoi l'implémentation d’un outil, d’uneressource, et l’appropriation dans l’usage et par l’usage, participe, modifie, interfère, ou netransforme en rien, les relations et interactions (entre humains, entre humains ettechnologies) ?Les auteurs pourront décliner leurs travaux dans le contexte du numérique éducatif, dansune approche mobilisant les sciences de la communication fondamentalement, mais aussiles sciences de l'éducation et la psychologie.

Les questionnements thématiques suivant sont possibles (sans que cette liste ne soit exhaustive) :

  • Le numérique favorise-t-il ou détériore-t-il de nouvelles formes de sociabilités etd’accompagnement, que ce soit dans la relation entre les apprenants, entre les apprenantset le savoir ou encore entre les apprenants et les enseignants ou les institutions ? Commentmesurer l’impact de ces nouvelles interactions et entrées en contact dans l’évolution dumonde l’éducation ? Ces interactions permettent-elles de lutter contre les inégalités socialesà l'école ou créent-elles d’autres formes d’inégalités ? Comment les technologies modifientellesle rapport à l’altérité (Brandone et al., 2007) et à la différence (notamment, entre lesfilles et les garçons, entre les personnes de différentes cultures, entre les personnesprésentant des besoins éducatifs particuliers et les autres, etc.) ?
  • Comment le numérique modifie-t-il les rapports aux autres dans les institutions ? Lesconstructions de collectif, à travers des associations promotrices du libre (April, Linux,communauté Debian, etc.) pourraient-elles permettre de développer de nouvelles formes dedémocratie tempérées par la compétence technique (Auray, 2017) ? Comment la période deCOVID-19 participe au mouvement de sécurité des systèmes d'informations ? De nouvellesformes de ruptures, mais aussi des continuités entre les rapports sociaux, les formes d’apprentissage et de rapports aux savoirs à travers des communautés humaines en réseau(Siemens, 2005) ou des systèmes d’activités conçus au sein de communauté (Engeström,1987/2015) sont encore à éclaircir. Un focus sur l’hybridation mise en place par les acteursde terrains (notamment les Directions Académiques au Numérique, les parents, lesenseignants, etc.) pourrait être une piste intéressante pour comprendre ces potentiellesnouvelles formes de structurations sociétales, institutionnelles ou associatives liées à l’École.Toutefois, ces formes d'hybridation doivent-elles nécessairement être fondées sur lestechnologies numériques ? Peut-on parler d'hybridation sans outils numériques ? En quoices technologies numériques freinent l’activité créatrice ?
  • L’accès ouvert à d’innombrables ressources numériques avec Internet met à la portée detous une offre culturelle inédite. Pour autant, il est constaté de grandes inégalités d’accèstant pour des raisons économiques, territoriales ou techniques que culturelles. À la suite dela « fracture sociale », le concept de « fracture numérique » (Plantard, 2014) est critiqué etimplique le « non-usage ». En plus du manque d'accès, c'est l'ensemble d'une culture en actequi n'est pas accessible : le milieu pédagogique attribue aux élèves des connaissances en lienavec les outils numériques qui ne sont pas explicitées. Les pratiques numériques des élèvesen milieu scolaire ou dans la sphère privée peuvent être assez différentes (Baron et Bruillard,2008 ; Fluckiger, 2007). En ce sens, concept de fracture numérique pourrait aussi êtreinterprété comme un mythe technophile au service d’une idéologie libérale.
  • Dans le domaine des arts et de la culture, la démocratisation de la diffusion dans et parl'école peut-elle contribuer ainsi à un effacement des distinctions culturelles ? Comment lesoutils de réalité augmentée ou la réalité virtuelle permettent-ils l’accès à certainesressources éducatives ? Est-ce que ces technologies peuvent avoir leur place dans lesapprentissages pour permettre une meilleure accessibilité aux espaces (scolaires et horsscolaires) ? Ces questionnements sont des pistes non exclusives de réflexion, dès lors que lesthématiques autour des « interactions sociales », « communauté et collectif » et« numérique éducatif » sont au coeur des propos, dans une perspective critique.

Les articles ayant à coeur de vulgariser les concepts pour rendre accessibles les recherches à travers des exemples concrets seront les bienvenus.

Coordination scientifique du numéro

  • Gaëlle Lefer Sauvage
  • Cendrine Mercier

Modalités de soumission

La réponse à cet appel se fait sous forme d’une proposition livrée en fichier attaché (nom du fichier du nom de l’auteur) aux formats rtf, docx ou odt. Elle se compose de deux parties :

  • Un résumé de la communication de 4 000 signes maximum, espaces et bibliographie non compris, comprenant le cadrage théorique et le contexte, le questionnement de recherche, la méthodologie et les résultats sont attendus ;
  • Une courte biographie du (des) auteur(s), incluant titres scientifiques, le terrain de recherche, le positionnement scientifique (la discipline dans laquelle le chercheur se situe), la section de rattachement.

Le fichier est à retourner, par courrier électronique, pour le 10 février 2022, à gaelle.lefersauvage@univ-mayotte.fr et cendrine.mercier@univ-nantes.fr. Un accusé de réception par mail sera renvoyé.

Calendrier prévisionnel

  • 1er janvier 2022 : lancement de l’appel
  • 10 février 2022 : réception des intentions de contribution
  • 10 mars 2022 : réceptions des articles complets
  • 28 mars 2022 : retours aux auteurs (expertise 1)
  • 8 avril mai 2022 : réceptions des articles complets (version 2)
  • 20 avril 2022 : finalisation des expertises (version 2) et des retours d’auteurs
  • 1 mai 2022 : parution prévue du numéro de revue

L’article complet devra être mis en page selon les normes en vigueur de la revue, dont la feuille de style est téléchargeable ici.

Il devra être envoyé par courrier électronique avant le 10 mars 2022 en deux versions : l’une entièrement anonyme et l’autre nominative. À la suite de la réception des articles complets au plus tard le 10 mars 2022, un premier comité de rédaction se réunira pour l'expertise des articles et donnera sa réponse fin mars 2022. Les articles qui ne respecteront pas les échéances et les recommandations ne pourront malheureusement pas être pris en compte.

Interfaces Numériques est une revue scientifique reconnue revue qualifiante en sciences de l’information et de la communication sous la direction Nicole PIGNIER et de Benoît DROUILLAT.


Dates

  • jeudi 10 février 2022

Mots-clés

  • numérique, éducatif, interaction, socialisation

Contacts

  • Gaëlle Lefer Sauvage
    courriel : gaelle [dot] lefer-sauvage [at] univ-mayotte [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Gaëlle Lefer Sauvage
    courriel : gaelle [dot] lefer-sauvage [at] univ-mayotte [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Numérique éducatif, interactions et socialisations », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 18 janvier 2022, https://doi.org/10.58079/182m

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search