Fausse inauguration d’un logement social : les groupes communautaires revendiquent pour les femmes locataires

14 juin 2018

Fausse inauguration d’un logement social : les groupes communautaires revendiquent pour les femmes locataires

Vendredi midi, en face de la station de métro de Longueuil, des groupes communautaires ont convié les éluEs, les médias et les citoyenNEs à l’inauguration des Habitations Solidaires, du logement social pour les femmes locataires à faible revenu. Or, arrivées sur les lieux, les personnes conviées à cet événement ont vite réalisé qu’il s’agissait d’un canular. Aucun projet de développement de nouvelles unités de logement social n’a été annoncé pour le futur centre-ville de Longueuil. Les groupes sur place ont plutôt profité de l’occasion pour exposer les réalités vécues par les femmes locataires et leurs besoins criants en matière de nouvelles unités de logement social pour les mères et les femmes seules.

Manque flagrant d’unités de logement social

Cette action politique locale a été organisée par le Carrefour pour Elle, le Pavillon Marguerite de Champlain, le Centre des Femmes de Longueuil, la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie, le Comité logement Rive-Sud et la Maison La Virevolte. En organisant cette inauguration, où même un faux maire avait été convié, les groupes voulaient signifier le manque flagrant d’unités de logement social et l’absence de réserves de terrains et de bâtiments dans les nouveaux développements envisagés par les villes de l’agglomération de Longueuil. À tour de rôle, plusieurs intervenantes du milieu ont pris la parole afin d’exposer la situation vécue par les femmes locataires.

En se basant sur l’enquête nationale sur les ménages de 2011, Marjolaine Tapin du Comité logement Rive-Sud a mentionné : « Nous ne pouvons pas ignorer les statistiques qui démontrent que les femmes sont plus touchées par les problèmes de logement. Par exemple, 41,1 % des ménages locataires longueuillois ayant une femme comme principal soutien financier consacrent 30 % et plus de leur revenu pour se loger comparativement 33,7 % quand le principal soutien est un homme. ».

Par la suite, Rachel Fortin du Pavillon Marguerite de Champlain a souligné l’importance pour les femmes victimes de violence d’avoir accès à du logement social. Elle a déclaré : « Le fait d’avoir des conditions économiques adéquates et sécuritaires, permet aux femmes de se sortir de leur condition de vulnérabilité et de rompre avec le cycle de la violence conjugale. ». L’absence de logement et de revenu adéquat serait des causes explicatives d’un éventuel retour chez un conjoint violent.

Pour Audrey Gosselin Pellerin de la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie, « Le logement social, c’est l’opportunité d’avoir un toit abordable et sécuritaire pour une maman monoparentale vivant dans un logement insalubre et trop petit pour sa famille, pour une femme immigrante payant un loyer plus cher parce que le propriétaire d’un autre logement l’a discriminée sur la base de son origine ethnique, pour une femme qui doit changer d’appartement parce que son colocataire la harcelait, pour une femme prise à couchsurfer chez une amie, puis une autre, afin d’éviter la rue ».

Continuant sur sa lancée, Audrey Gosselin Pellerin a affirmé : « La pauvreté a plusieurs visages et ceux-ci sont de plus en plus féminins, il est urgent que nos éluEs améliorent l’accès au logement social afin de pallier aux inégalités systémiques qui touchent les femmes et leur offrir l’opportunité d’améliorer leurs conditions de vie et de développer leur plein potentiel au sein de notre société ».

Finalement, des participantes du Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal ont réalisé une mise en scène théâtrale afin de représenter les rapports de pouvoir et les comportements violents qui persistent entre les propriétaires et le les femmes locataires. Une locataire a aussi témoigné pour expliquer comment son loyer, dans une coopérative d’habitation subventionnée, a été une planche de salut pour sortir de la dynamique de violence conjugale dans laquelle elle était et pour reprendre du pouvoir sur sa vie petit à petit.

Rappelons que cette action a été organisée dans la foulée des préparations pour la marche « De villes en villages pour le droit au logement » organisée par le FRAPRU qui aura lieu à l’automne prochain. Plusieurs personnes parcourront à pied la distance entre Ottawa et Québec afin de promouvoir l’importance du logement social au Québec. Comme le rappelle Déric Noël-Lagacé, intervenant communautaire à la Maison La Virevolte, « [l]a grande Marche de villes en villages pour le droit au logement n’est pas qu’une simple marche de santé, mais bien une initiative populaire d’envergure, tout en étant une première comme type d’action militante pour le droit au logement ! ». Les LongueuilloisEs seront invitéEs à un rassemblement lors de son passage à Longueuil le 15 septembre prochain.

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Marie-Christine Plante, 514-774-7620, formation@carrefourpourelle.org

Marco Monzon, 438-822-2792, marco.monzon@comite-logement.org