Appel de textes pour la revue Nouvelles pratiques sociales « De lʼintervention à lʼaction : nouvelles avenues dʼinclusion des communautés LGBTQI »

Appel de textes pour la revue Nouvelles pratiques sociales « De lʼintervention à lʼaction : nouvelles avenues dʼinclusion des communautés LGBTQI »

Appel à contributions
Nouvelles pratiques sociales
Vol. 28, no 1 (automne 2015)

Date de tombée des résumés dʼarticles (maximum 1 page) : 25 août 2014
Date de tombée des articles : 15 novembre 2014

Dossier : De lʼintervention à lʼaction : Nouvelles avenues dʼinclusion des communautés LGBTQI
Responsables : Isabel Côté, Janik Bastien-Charlebois et Gabrielle Bouchard

Lʼaction collective des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transsexuelles/transgenres (trans*), queers et intersexes (LGBTQI), qui remonte pour plusieurs dʼentre elles au tournant des années 1970, sʼest déployée depuis sous diverses formes et finalités. Elle est notamment « passée dʼune position plus contestataire, basée sur un discours articulé autour dʼune visée de libération et de remise en cause des institutions à une stratégie dʼutilisation des filières institutionnelles en vue dʼaccéder à la reconnaissance sociale » (Côté et Boucher, 2008 : 97). Au cours des deux dernières décennies, des luttes ont été menées sur le terrain des droits et lʼégalité juridique a été obtenue pour les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles (Groupe de travail mixte contre l'homophobie, 2007). Plus récemment, des voix nouvelles reflétant la pluralité des expériences vécues par les personnes de la diversité sexuelle se sont ajoutées, mettant en lumière certaines des inégalités juridiques et de droit encore présentes spécifiquement pour des personnes trans* et intersexes (Méndez, 2013). Comme celles de groupes vivant des oppressions croisées, telles que les personnes LGBTQI de minorités culturelles, sourdes ou en situation de handicap, tous ces groupes ont développé des réflexions critiques sur le monde au sein duquel ils évoluent, soucieux de saisir la source des discriminations quʼils subissent, que celles-ci soient dʼordre matériel ou symbolique. Ainsi soulignent-ils lʼhétérosexisme et lʼhétéronormativité à lʼorigine de lʼhomophobie, lʼinfluence du sexisme et du cissexisme, du racisme et du capacitisme dans leur vécu, puis dénoncent-ils la pathologisation trans* ou intersexe.

Comme le souligne Nancy Fraser (2005), la non-reconnaissance constitue une forme dʼinjustice sociale et non une simple entrave à lʼestime de soi quʼil convient de surmonter individuellement. Elle a pour conséquence de miner les conditions matérielles (ex. : difficultés dʼaccès à lʼemploi ou risque de le perdre; violences psychologique, sexuelle et physique; temps et ressources économiques investies dans les procédures de transition et de changement de sexe à lʼétat civil) et de restreindre la possibilité de participer à la vie sociale et politique. Or, la parité de participation sʼavère être un défi, puisque certains groupes sociaux ont un accès déficitaire aux moyens dʼinterprétation et de communication disponibles au sein dʼune société, tandis que dʼautres en disposent de façon disproportionnée ou exclusive. Ceci se traduit notamment par la tendance des groupes dominants à « projet[er] leur expérience comme [étant] représentative de lʼhumanité en soi » (Young, 1990 : 59), invalidant lʼexistence des membres de groupes marginalisés ou opprimés.

Contrer cette injustice sociale implique à la fois dʼapporter des changements législatifs et politiques – la loi 35 pour les populations trans* en est un exemple, comme lʼest la résolution européenne 1952 condamnant les chirurgies non consensuelles sur les enfants intersexués – et de changer les symboles et les valeurs dominantes, de travailler sur les représentations sociales. Cʼest dans cette logique que sʼengage désormais une large part des groupes communautaires LGBTQI qui ont dʼailleurs obtenu du gouvernement provincial quʼil crée son Plan dʼaction gouvernemental de lutte contre lʼhomophobie 2011-2016. Les projets qui y sont développés visent non seulement à contrer les gestes homophobes, mais ciblent également lʼhétérosexisme et lʼhétéronormativité à leur source. Dans la conjoncture, cʼest à ce type dʼengagement que les différentes professions dʼintervention sont conviées.

Ce numéro de Nouvelles pratiques sociales propose de réfléchir aux transformations politiques, sociales et culturelles qui approfondiraient lʼinclusion sociale des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans* et intersexes. Nous invitons donc les auteures et les auteurs à soumettre des textes réflexifs, théoriques ou de recherche qui tiennent compte de ces enjeux. Ceci suppose de prendre en considération les capacités de réflexion et dʼaction que détiennent déjà les groupes LGBTQI, depuis longtemps constitués et mobilisés par eux-mêmes. Quels sont les savoirs expérientiels et théoriques émergents produits par ces groupes sociaux? En quoi les avancées socio-législatives que lʼon constate depuis les dernières décennies concernant les personnes LGBTQI participent-elles – ou non – aux changements des représentations les concernant et de ce fait, à leur inscription sociale?

-> Consultez l'appel (PDF)