Des travailleuses du sexe s'estiment mal protégées

Des travailleuses du sexe s'estiment mal protégées

Un article de Isabelle Hachey pour La Presse, 23 avril 2013

C'était le 18 mars, en après-midi. Marie* avait été appelée dans un petit motel de la rue Saint-Hubert. Tout se déroulait comme d'habitude, jusqu'à ce que le client retire son condom. Marie a refusé de continuer. Il l'a frappée en plein visage. «J'ai eu la chance d'être dans un motel cheap avec des murs en carton. Je me suis mise à hurler; il a eu peur et s'est enfui. Mais la prochaine fois, aura-t-il un couteau pour que la fille ne hurle pas?»

Encore sous le choc, Marie a téléphoné à l'organisme Stella, qui recueille et diffuse les signalements des mauvais clients et des agresseurs des travailleuses du sexe de Montréal. «J'ai décrit le client. Son âge, son allure physique, son numéro de cellulaire. On m'a répondu: "Tu es la troisième ce mois-ci. Ce gars-là, on le connaît."»

Brutal et dangereux, le client n'a pourtant jamais été inquiété par les policiers. Marie, comme les autres, n'a pas porté plainte. Elle ne sait tout simplement pas où se tourner pour le faire.

Pendant plusieurs années, trois agentes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont répondu aux plaintes des travailleuses du sexe, leur assurant qu'elles seraient écoutées et qu'elles ne risquaient pas d'être arrêtées. «On avait travaillé très fort à mettre ce corridor en place, justement parce que les femmes qui se plaignaient à leur poste de quartier se faisaient souvent rabrouer», explique Émilie Laliberté, ancienne directrice de Stella.

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