Rapport du Comité spécial de la Chambre des communes sur la violence faite aux femmes autochtones

Rapport du Comité spécial de la Chambre des communes sur la violence faite aux femmes autochtones

Introduction

Lorsqu’elles ont comparu devant le Comité spécial sur la violence faite aux femmes autochtones (le Comité), les familles de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées ont parlé des diverses circonstances qui ont mené à la perte tragique de l’être cher. Les membres du Comité ont été bouleversés par les tragédies qui ont frappé ces familles et par les séquelles durables qu’elles vivent encore aujourd’hui.

Les familles ont parlé des différents moyens qu’elles avaient employés pour surmonter l’épreuve que constituait la disparition ou la mort violente de leur être cher. Dans leurs témoignages, elles ont décrit le long chemin qu’elles avaient parcouru dans l’espoir d’entamer le processus de deuil. Pour certaines, ce deuil est impossible.

Les familles organisent des vigiles et des marches à la mémoire de leurs proches. Si elles tiennent tant à garder vivante la mémoire de ces femmes, c’est parce qu’au coeur de la tragédie des femmes autochtones disparues et assassinées, il y a le silence. Les familles ont vécu la douleur de ne pas avoir été entendues quand elles ont appelé à l’aide, quand elles ont signalé la disparition de leur être cher. Ce silence est celui que garde une société laissant entendre aux Autochtones qu’ils ne comptent pas. Il s’ajoute par ailleurs au silence assourdissant qui entoure d’autres tragédies que les Autochtones ont vécues et continuent de vivre au sein de la société canadienne : les pensionnats indiens, le retrait massif des enfants autochtones de leur famille dans les années 1960, de même que la marginalisation et le racisme. C’est ce silence qu’il faut briser. C’est ce silence que l’initiative Soeurs d’esprit cherchait à briser en consignant les récits de ces femmes qui étaient des mères, des filles, des soeurs et des amies.

Les observations suivantes permettent de mieux comprendre le sentiment d’abandon ressenti par plusieurs des familles de victimes que nous avons rencontrées :

Qui se soucie de nous qui avons la peau brune? Est-ce que ça intéresse quelqu’un? J’aimerais bien le savoir. Parce que c’est un meurtre. Et ces deux hommes sont toujours en liberté, libres de torturer d’autres personnes. Où est la justice pour notre peuple? Elle n’existe tout simplement pas, n’est-ce pas?
(Brenda Bignell, témoigne au nom de sept membres de sa famille disparus ou assassinés)

Lorsque je vois une autre mère, un autre enfant, un autre frère, un autre fils porté disparu ou assassiné ici au Canada, il me semble que tout le monde se fiche des gens comme nous à la peau foncée. Tout le monde s’en fiche. On doit se débrouiller seul. […] Nos enfants sont ciblés […] Il faut arrêter cela. Je vous implore. Il y a longtemps, longtemps que je le fais. Je vous implore de nous soutenir. Faisons du vacarme et changeons la situation au Canada.
(Susan Martin, mère de Terrie Ann Dauphinais assassinée le 29 avril 2002 à Calgary)

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