L’homme qui aime écrire

L’homme qui aime écrire

Une chronique de Patrick Lagacé pour le journal La Presse, 14 février 2014

Toute sa vie, Jacques Forgues s’était donc débrouillé pour gagner sa vie sans avoir à lire, sans avoir à écrire.

À la société d’autobus, où il était – est encore – chauffeur, il ne s’en cachait pas. Ne s’en vantait pas non plus. C’était comme ça, c’était la vie, lui et les mots, ça avait mal commencé, dès l’enfance.

« Ma mère était malade. Elle ne m’avait jamais montré à écrire mon nom, avant l’école… »

Et en première année, la « maîtresse » l’a envoyé au tableau écrire son nom et… Et Jacques n’a pas pu écrire son propre nom. La honte.

Après, chez les frères cathos, une faute de français pouvait vous valoir une taloche derrière la tête ou un coup de règle sur les doigts. C’était l’époque.

« Un jour, je me suis dit que j’allais vivre sans le français. »

[...]

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