Au titre de ses responsabilités à la présidence du Conseil de l’Union européenne, le Gouvernement de Chypre a organisé en septembre une conférence sur l’alphabétisation. Pour la première fois, un pays assurant la présidence de l’UE décide d’aborder en priorité la question de l’illettrisme. Tenue les 5 et 6 septembre, cette conférence a marqué également le coup d’envoi du Rapport du Groupe d’experts à haut niveau de l’UE sur la lutte contre l’illettrisme (Report of the EU High-Level Group of Experts on Literacy), qui avait été commandé par la Commission européenne en février 2011. Présidé par S.A.R. la princesse Laurentien des Pays-Bas, le Groupe d’experts s’est réuni à huit reprises pour analyser les défis les plus pressants et les solutions permettant de réaliser l’alphabétisation pour tous en Europe. Décrit comme « un signal d’alarme face à la crise qui touche tous les pays d’Europe », ce rapport explique pourquoi l’alphabétisation revêt une telle importance : un jeune de 15 ans sur cinq, à l’instar de près de 75 millions d’adultes, ne possède pas les compétences de base en lecture et écriture. Le rapport préconise une approche coopérative, qui considère l’illettrisme non pas comme un problème individuel mais un problème de société ; il recommande des actions clairement axées sur l’apprentissage tout au long de la vie, envisageant une alphabétisation adaptée à tous les groupes d’âge : jeunes enfants, élèves du primaire, adolescents et adultes.

La rencontre a été pour 200 fonctionnaires, universitaires et représentants de la société civile et du secteur privé un forum de discussion sur les propositions politiques émises dans le rapport : organisé en cinq ateliers parallèles, il portait sur les bénéfices de l’alphabétisme et sur les moyens de surmonter les obstacles à l’alphabétisation rencontrés par chaque groupe d’âge.

Dans sa présentation, Carolyn Medel-Añonuevo, directrice adjointe de l’UIL, a exposé les défis de l’illettrisme dans le monde en les comparant à ceux que connaît la région Europe. Elle a décrit ensuite l’engagement de l’UNESCO dans le domaine de l’alphabétisation en Europe au cours des 25 dernières années, et rappelé les recommandations des cinq forums régionaux organisés par l’UNESCO depuis 1986. En conclusion, elle a énuméré les cinq lignes d’action indispensables pour soutenir le travail d’alphabétisation : 1) poursuivre un plaidoyer continu auprès des décideurs à tous les niveaux, 2) établir des liens (entre toutes les phases et tous les aspects de la vie – écoles, communautés et lieux de travail), 3) garantir l’accès et la qualité des programmes d’alphabétisation, 4) étudier les derniers travaux de recherche en alphabétisation pour en distiller les enseignements et identifier les lacunes, et 5) consolider les agences nationales et les réseaux existants. 

Dans son discours de clôture, Mme Androulla Vassiliou, commissaire européenne à l’Éducation, à la Culture, au Multilinguisme et à la Jeunesse, a insisté sur la nécessité d’alphabétiser à tous les âges. Enfin, elle a annoncé le lancement du site sur l’alphabétisation de la Commission, et la préaffectation de fonds à un réseau sur la lutte contre l’illettrisme.