Rapport « Marginalisées : l'expérience des femmes autochtones au sein des services correctionnels fédéraux »

Rapport « Marginalisées : l'expérience des femmes autochtones au sein des services correctionnels fédéraux »

Introduction

Comment tant de femmes autochtones se sont retrouvées dans des pénitenciers fédéraux est un récit marqué par de longs antécédents d'éclatement de la famille et d'isolement, de racisme, de violence brutale et de pauvreté absolue.

Mis ensemble, tous ces facteurs ont abouti à la crise actuelle que représente le pourcentage disproportionné de femmes autochtones au sein du système correctionnel fédéral canadien. La situation actuelle est très grave, mais la crise dure depuis un certain temps déjà, puisque des rapports des années 1980 mentionnent le problème et prédisent que les nombres ne feront qu’augmenter. Compte tenu de l’état dans lequel se trouve le système, les perspectives d’avenir des femmes autochtones, de leur famille et de leurs collectivités sont plutôt sombres, à moins que l’on apporte dès maintenant des changements.

Les Autochtones représentent 4 % de la population canadienne; mais dans le contexte correctionnel fédéral, ils forment 20 % de la population carcérale.

Le problème de la surreprésentation est encore plus prononcé chez les détenues autochtones. En avril 2010, les femmes autochtones représentaient 32,6 % de la population carcérale féminine. Autrement dit, une détenue sous responsabilité fédérale sur trois est d’origine autochtone.

Le rythme auquel les femmes autochtones sont incarcérées augmente depuis déjà un certain temps. Au cours des dix dernières années, la représentation des femmes autochtones a augmenté de près de 90 %; il s’agit du groupe de la population des délinquants qui connaît la plus forte croissance. Par ailleurs, rien n’indique que ces taux diminueront. En avril 2010, 164 femmes autochtones purgeaient une peine de ressort fédéral.

Les femmes autochtones dans les pénitenciers fédéraux sont généralement plus jeunes que les autres détenues non autochtones. Si l’on compare le profil des délinquantes autochtones à celui des délinquantes non autochtones, on constate un écart d’âge de cinq ans et quatre mois, ce qui établit la moyenne d’âge des détenues autochtones à 34 ans. De façon générale, il y a un plus fort pourcentage d’Autochtones que de non‑Autochtones parmi les délinquants âgés de 21 à 40 ans, et le pourcentage est encore plus élevé chez les délinquantes autochtones. En effet, 39 % de la population des délinquantes autochtones font partie de ce groupe d’âge. Par ailleurs, parmi les délinquants nouvellement admis, les Autochtones sont plus jeunes que les délinquants autochtones déjà incarcérés.

Puisque la population autochtone connaît la plus forte croissance au Canada et que, selon les prévisions démographiques, la surreprésentation des Autochtones au sein du système de justice pénale ira en augmentant, il est essentiel de prendre des mesures énergiques dès maintenant pour régler les problèmes touchant les femmes autochtones au sein du système correctionnel fédéral.

Cependant, il est peu probable que les problèmes auxquels fait face un groupe si marginalisé reçoivent l’attention et les ressources nécessaires pour même commencer à tenter d’en régler les multiples facettes. En l’absence de volonté politique, aucun changement important ne sera apporté au sein du système. De plus, compte tenu de la situation politique actuelle, rien ne montre que la situation des femmes autochtones au sein du système correctionnel changera de sitôt.

Le programme de lutte contre la criminalité du gouvernement fédéral ne contribue en rien à réduire le pourcentage disproportionné d’Autochtones incarcérés. En ce qui concerne la surreprésentation des Autochtones au sein du système de justice pénale, c’est tout le contraire. Le plan actuel du gouvernement fédéral ne fera qu’augmenter le nombre de détenus autochtones et aggraver les injustices criantes que subissent déjà les peuples autochtones en général.

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