Dossier « L'éducation populaire en question(s) »

Dossier « L'éducation populaire en question(s) »

À lire dans le numéro 200 (juin-juillet 2012) de la revue Les idées en mouvement :
 

« Et si notre société avait besoin plus que jamais de réels éducatifs ambitieux en direction de toute la population ? En es­sayant de se départir du sens commun propre à tout groupe constitué, la question mérite d’être sincèrement posée.

En effet, la fulgurance des changements sociaux et économiques, des révolutions à l’œuvre dans les sciences et les technologies modifie profondément la structure même des sociétés sans que cela ne fasse vraiment l’objet de débats démo­cratiques visibles. Pourtant les chercheurs l’affirment : les champs de connaissances scientifiques sont bouleversés, transfor­més tous les trois ans. Les débats électoraux et civiques n’y font pourtant pas allusion.
 
Cependant, comme nous le montre l’histoire de l’éducation populaire (lire la contribution de Jean-Paul Martin, page 10), il semble bien qu’il y ait conjonction des révolutions scientifiques et techniques et des évolutions démocratiques. Nécessai­rement. L’éducation populaire est donc bien une notion mutante. Elle n’est pas définie une fois pour toutes.
 
Elle doit être reconsidérée dans son contexte historique pour en percevoir ses caractéristiques, notamment selon l’acception philosophico-politique conférée au peuple (lire les définitions de « peuple » et la contribution de Joël Roman, pages 10 à 13). En disciples de l’École des Annales, nous savons qu’il serait donc vain de rechercher dans une histoire mythique, la pierre philosophale de l’éducation populaire. Dans l’analyse féconde des processus de transformation sociale, économique et culturelle, plus sû­rement. Ainsi, nous avons à gagner à mieux connaître ce réseau pluriel des acteurs de l’éducation populaire (lire page 11) pour mieux y rechercher des articulations entre les enjeux des approfondissements démocratiques et l’implication des ci­toyens dans les changements de société. A fortiori dans des phases de changements profonds, pour en être à la fois les archi­tectes et simultanément les artisans.
 
C’est pourquoi dans la perspective de notre Question de congrès de 2013, nous avons à faire le point sur les visions his­toriques de cette notion pour bien fixer les repères, tout en se départissant des tentations mortifères d’une histoire officielle.
 
Nous avons surtout à ouvrir grands nos yeux pour repérer, ici ou là, les formes nouvelles d’action dans la cité qui s’en ins­pirent même implicitement. C’est dans cette perspective
que les espaces numériques sont passionnants à observer (lire l’in­terview de Michel Serres, page 3, et la contribution de Véronique Kleck, page 13) et à intégrer car il s’y joue sans doute desrévolutions radicales, des praxis nouvelles, des socialisations inédites.
 
Ce premier dossier inaugure une série de travaux écrits, multimédia aussi, qui rythmeront nos échanges sur la Question de congrès de juin 2013 ; question posée à tous les acteurs de l’éducation en général, au monde de l’éducation populaire en particulier, afin d’en envisager son devenir au sein des réseaux, nationaux et mondialisés. »