par Frank Bouchard, conseiller
CAMO pour personnes handicapées
f.bouchard@camo.qc.ca

Pour plusieurs, personnes handicapées et formation professionnelle ou technique (FPT) peuvent sembler incompatibles. Pourtant, la présence de ces dernières en FPT, bien qu’encore modeste, s’accroît d’année en année. Ce type de formation pouvant s’avérer un choix judicieux pour cette clientèle, le CAMO pour personnes handicapées (www.camo.qc.ca), un organisme partenarial dont la mission est de favoriser la formation, l’insertion, le maintien en emploi ainsi que la mobilité professionnelle des personnes handicapées, a voulu documenter davantage la présence de ces personnes dans l’importante filière qu’est la FPT. Pour ce faire, le CAMO a réalisé au cours des dernières années deux relevés statistiques permettant d’obtenir un portrait plus précis de la situation.

La formation professionnelle

Du côté de la formation professionnelle (FP), une enquête réalisée par le CAMO à l’automne 2006, Présence des personnes handicapées en formation professionnelle dans les centres de formation professionnelle (CFP) publics au Québec - Rapport d'enquête, a permis d’établir un premier portrait plus précis en ce qui a trait à la présence des personnes handicapées dans ce secteur. Cette enquête, à laquelle ont participé près de 80 % des centres de formation professionnelle (CFP) publics au Québec, a permis de répertorier 162 personnes handicapées inscrites dans 49 formations différentes. En comparant ce nombre aux milliers d’élèves inscrits en FP, ce dernier peut sembler bien petit. Cependant, en sachant qu’il y a à peine une dizaine d’année, les élèves handicapés en FP étaient quasi absents *, la progression est tout de même impressionnante.

La formation technique

Pour ce qui est de la formation technique, une compilation de données provenant de l’ensemble des cégeps du Québec a permis d’établir qu’en 2005, 173 étudiants et étudiantes handicapéEs étaient inscritEs dans une formation de niveau technique, et ce, dans 46 programmes différents. Notons qu’il s’agit ici d’élèves ayant fait appel aux services d’aide aux étudiantEs ayant des incapacités et pour lesquels un plan individuel d’intervention a été réalisé. Les élèves ayant des limitations ne faisant pas tous appel à ces services, il est donc possible que le nombre d’étudiants et étudiantes inscritEs dans ce type de formation soit un peu plus élevé.

Obstacles et solutions

Avec ces deux portraits, il est facile de constater que la progression des personnes handicapées inscrites en FPT est réelle et va en augmentant depuis quelques années.

Ceci étant dit, étudier en FPT n’est pas chose simple pour une personne handicapée. Ce choix exige une bonne dose d’efforts supplémentaires de sa part, notamment en ce qui a trait au rythme d’apprentissage, souvent plus rapide, demandé en FPT. Ce rythme n’est pas toujours compatible avec les capacités des personnes. L’outillage technique employé dans certaines de ces formations peut aussi demander des adaptations afin que les personnes handicapées puissent l’utiliser, adaptations pas toujours simples à réaliser et constituant une difficulté ou un défi supplémentaire à relever.

Néanmoins, ces obstacles peuvent généralement être surmontés, notamment par l’aide apportée par les milieux d’enseignement. Dans chaque cégep, l’étudiant handicapé peut compter sur l’appui d’un ou d’une répondantE de l’intégration qui facilite son accès à des services spécialisés (interprète, preneur de notes, etc.) ou à de l’adaptation technique (meubles ergonomiques, logiciels, appareils grossissants, etc.). Dans les CFP, l’enquête a permis de mettre en lumière le rôle actif des directions pour assurer la mise en place de ces services et adaptations. Des ressources financières s’adressant spécifiquement aux personnes handicapées sont également offertes par l’Aide financière aux études, pour défrayer, entre autres, les coûts des services et des adaptations.

Personnes handicapées : une main-d’œuvre à ne pas négliger

Encourager les personnes handicapées à s’inscrire en FPT et faciliter leurs études n’est pas seulement faire preuve d’équité, c’est aussi un choix économique judicieux. Les besoins de main-d’œuvre à venir exigent en effet qu’aucun groupe de la population ayant le potentiel d’être actif sur le marché du travail et pouvant répondre à ces besoins ne soit négligé. De plus, bon nombre d’entreprises ou d’organismes publics ont des obligations légales d’embauche envers certains groupes cibles, notamment les personnes handicapées. Pour répondre à ces obligations, ils souhaitent être en mesure de recruter des personnes handicapées ayant les compétences requises pour occuper les emplois disponibles. Les formations offertes par la filière de la FPT constituent un moyen d’acquérir ces compétences.

Une filière à promouvoir

Accédez …

• au site du CAMO
• à la page concernant les personnes handicapées sur le site « Tout pour réussir »
  

Quelques documents produits par le CAMO :

Présence des personnes handicapées en formation professionnelle dans les centres de formation professionnelle (CFP) publics au Québec - Rapport d'enquête (2006)

Les personnes handicapées en formation technique dans les collèges publics au Québec. Portrait statistique (2005)

Promotion de la formation professionnelle et technique (FPT) auprès des personnes handicapées (2004)

*Dans son mémoire États généraux sur l’éducation, mémoire de l’OPHQ (juillet 1995 p. 20), l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) soulignait que « les statistiques du MEQ démontrent qu’il y a quasi-absence d’élèves handicapés en formation professionnelle. » [retour]