Arrestation de Germain Katanga en RDC - réaction de la Coaltion pour les droits des femmes en situation de conflit

Arrestation de Germain Katanga en RDC - réaction de la Coaltion pour les droits des femmes en situation de conflit

Montréal, 25 octobre 2007 - La Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit accueille avec satisfaction l’arrestation de Germain Katanga en République démocratique du Congo (RDC). Depuis l’arrestation de Thomas Lubanga en mars 2006 aucune autre arrestation n’avait eu lieu jusqu’au 17 octobre 2007. C’est avec soulagement que la Coalition accueille cette deuxième arrestation comme le signe d’un renouveau d’intérêt pour poursuivre les crimes de violences massives en RDC.

De plus, la Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit note avec satisfaction que pour la première fois dans une affaire concernant le conflit en RDC, la poursuite a décidé d’inclure des accusations de violence sexuelle. En effet, en dépit des nombreuses preuves de violences sexuelles portées à l’attention du Procureur et de la Cour dans l’affaire Lubanga, l’acte d’accusation est resté vierge de toute accusation de violences commises à l’égard des femmes et des fillettes congolaises. Par conséquent, la Coalition ne peut que se réjouir de ce premier pas positif dans la reconnaissance des violences commises à l’encontre des femmes et des Congolaises dans l’affaire Germain Katanga.

Cependant, au regard de l’ampleur des violences sexuelles commises sur le territoire à l’Est de la RDC par l’ensemble des parties prenantes aux conflits, la Coalition s’étonne que le mandat d’arrestation de Germain Katanga se limite aux accusations d’esclavage sexuel. Il semble en effet extrêmement difficile de dissocier l’esclavage sexuel des autres violences concomitantes commises contre les femmes tels, entre autres, le viol, la grossesse forcée, les autres formes de violence sexuelle de gravité comparable, la torture. De fait, telles que formulées actuellement, les accusations portées à l’encontre de Germain Katanga échouent à rendre compte de la diversité et de l’ampleur des violences sexuelles commises.

Les femmes et fillettes congolaises aidées et soutenues par les associations de la société civile attendent et espèrent depuis l’entrée en vigueur du statut de la Cour pénale internationale des gestes concrets de la part de la plus haute juridiction pénale internationale pour la prise en compte des violences sexuelles. La Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit rappelle que les femmes et les enfants sont les premières victimes des conflits armés, que la violence à l’encontre des femmes est d’une gravité particulière, et qu’elle doit être pleinement appréhendée.

Par conséquent, la Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit invite la Poursuite et la Cour à considérer les différentes formes de violences commises à l’encontre des femmes dans l’affaire Katanga et à prendre les mesures nécessaires à la réalisation effective du mandat de la Cour pénale internationale (CPI). Par ailleurs, la Coalition espère que l’engagement de la CPI dans la poursuite des violences sexuelles commises en RDC conduira à d’autres arrestations afin de lutter contre l’impunité, à la fois pour les femmes congolaises et leurs consœurs.

La Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit s’attache en premier lieu à faire en sorte que les auteurs de crime à caractère sexiste soient traduits devant les tribunaux, de manière à établir une jurisprudence qui reconnaît la violence exercée à l’endroit des femmes dans les situations de conflits, et à aider les survivantes des violences sexuelles à obtenir justice. La Coalition est financée par l’organisation de droits humains basée à Montréal, Droits et Démocratie, et administrée par le programme Droits des femmes.

Pour information : http://www.coalitiondroitsdesfemmes.org/

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Source : Droits et Démocratie - www.dd-rd.ca